Gâchis
Ce mouvement continuel me donne le tournis. Encore une journée où des dizaines d'ouvrages ignorés retourneront à l'envoyeur, sans considération aucune. Quel métier pour quelqu'un qui fait sien le crédo de la conservation du passé et de la diffusion gratuite de la culture au plus grand nombre ! J'ai mal aux livres. Parmi ces refoulés, peut-être quelques chefs-d'oeuvres : qui le saura ? Dans la masse des nouveautés qui inondent le marché à chaque évènementiel prétexté, une majorité de pré-vendus, de pré-mâchés, de faux-écrits. Repartis aussi vite qu'ils ont été conçus. Leur commercialisation bâclée autant que leur écriture. Le taux de rotation devenu plus galvanisant que le style. On ne les lit pas, on ne les vend guère, on ne les comprend que peu : à quoi servent-ils ? Ils n'ont même plus le loisir d'être une culture de l'inutile. Un gâchis capitaliste dans toute splendeur. Un paysage éditorial monopolisé ; beaucoup plus de nouveautés, mais des ouvrages identiques : a-t-on encore le choix de lire ? J'en appelle au bon sens et à l'esprit critique, pour ne pas sombrer devant ce marasme livresque...