Oraison
Poids-plume
Le mec de la tombe d'à coté
Le mec de la tombe d'à côté fait parti d'une série de romans publiés aux Editions Gaïa. Pour l'ego, il a parfaitement rempli son rôle de lecture distrayante. A prescrire pour se détendre, c'est sûr ! Une histoire d'amour -encore, oui- qui commence et se termine au même endroit : le cimetière. Mais avec des protagonistes bien vivants. Ce livre retrace une passion menacée par des incompatibilités : un agriculteur parfumé au fumier qui lit en tout et pour tout ses factures, et une bibliothécaire qui aime le théâtre l'opéra et la science-fiction. "Le Forestier" et "la fille beige". Deux âmes esseulées qui se rencontrent autour d'une pierre tombale. Assez cocasse. Pour les lecteurs à qui cela rappellerai un certain vécu, point de leçon. Il n'est pas dit comment combler le fossé qui sépare deux êtres censés être fait l'un pour l'autre. Mais l'humour suédois a quelque chose d'assez délectable... cqfd.
Katarina Mazetti, Le mec de la tombe d'à côté, Gaïa, 2006
Virus
Didier Rault
L'ego est grippé. Un petit rhume. Et une envie assez générale de tout laisser tomber. Ca arrive couramment, étant donné le caractère cyclique de la vie. L'ego se surpasse en banalités lorsqu'il est sous médicaments. Car parfois, une pastille pour la gorge vaut bien un bon psychotrope. Delirium ? Point du tout.
Au moins l'ego n'a pas encore le virus "je-n'attrape-pas-la-main-qu-on-me-tend" ni celui du "je-suis-convaincu-de-ma-betise-donc-j-ignore-le-reste-et-je-me-fous-de-tout".
Que de virus particulièrement hargneux en ce début d'hiver... Ah j'oubliais, l'ego a quand même attrapé autre chose : la puérilite aigüe, le "je-n-assume-pas-ce-que-je-dis" et le "je-balance-des accusations-sans-citer-de-noms-c'est-plus-facile". Que voulez-vous, tout le monde n'a pas le même système immunitaire ! Qui a le remède de ces fléaux s'exprime ! - paracétamol s'abstenir...
Effets du jour et de la nuit
Caspar David Friedrich, Le moine devant la mer William Turner, Regulus
Toujours fascinée par ces deux artistes... Turner et son jeu de couleurs inégalables, né près de cent ans avant les premiers impressionistes (1775) ; Friedrich , le romantique allemand de la même génération (1774), avec ses paysages austères et sa poésie omniprésente. Pourquoi associer ces deux -là ? L'anglais et l'allemand ? Le jour et la nuit ? Réducteur bien sûr. Juste l'émotion sucitée par chacun d'eux.
Avais, ai, aurai peur
"Déchire ces ombres enfin comme chiffons,
vêtu de loques, faux mendiant, coureur de linceuls :
singer la mort à distance est vergogne,
avoir peur quand il y aura lieu suffit. A présent,
habille-toi d'une fourrure de soleil et sors
comme un chasseur contre le vent, franchis
comme une eau fraîche et rapide ta vie.
Si tu avais moins peur,
tu ne ferais plus d'ombre sur tes pas."
P. Jacottet, A la lumière d'hiver
"Si tu avais moins peur, tu ne ferais plus
d'ombre sur tes pas."
Si j'avais moins peur je ne serais pas qu'un être en puissance. Si j'avais
moins peur je ne serais pas seulement un "je peux" ni un "je
serais". S'il n'y avait pas cette petite limande grignotante au creux de
mes entrailles, farfouillant mes ovaires et détachant ma moelle incessamment,
je vous construirai un monument inutile, juste pour me prouver à vous. Je suis
peureuse. Je ne suis qu'un "serais". Une inconditionnelle du
conditionnel. Je participe des temps rares de la conjugaison. Peur. Mais
moteur. Ne pas rester trop longtemps au même endroit de mon esprit. Ne rien
re-vivre. Ne rien prouver de ce que je ne suis plus. Le temps proscrit de la
témérité. Protégée par la peur. Un linceul, ou une voile qui pousse vers le
large. Courage, conjuguons : je suis, je serai. Je n'ai pas été autre chose que
ma peur. Mais si je peux le dire au passé, c'est que la voile a fait son
chemin. Courage, conjuguons : je suis une peur qui grandis. Je serai une peur
qui avance. Je grandis.
Flou(é)e
Didier Rault
La fatigue ne vient certes pas uniquement des tâches professionnelles. La lassitude est tenace, celle des enfantillages. Las ! Lassée de tourner, a-t-elle dit... Pourquoi alors avoir encore des vertiges ? C'est post-traumatique, oui da belle enfant ! Es-tu comprise ? Pas même admise ? A demi résolue, seulement. Cela n'en vaut pas la peine.
Le prix des oubliés (...)
Que devient-on après avoir écrit un best-seller ? Etre écrivain, est-ce un métier ou une vocation ? Le coeur, ou les marges éditoriales ? Onze nouvelles, de l'humour et beaucoup d'humanité. L'essayer, c'est l'adopter. Et ça fait réflechir, oui !
Laurence Cossé, Vous n'écrivez plus ?, Gallimard, 2006.
Seconde
L'ego a lu à propos de ce livre : "... six fois le merveilleux enchantement". Pas tout à fait d'accord. Si la prose de ces six nouvelles est poétique - et non sans rappeler à l'ego celle d'Olivier Adam - ce n'est pas six fois enchanteur. Le monde de Delphine Coulin est intime et feutré, mais n'échappe pas à une certaine banalité. L'histoire du barrage est saisissante, mais celle de la trentenaire rencontrant l'enfant qu'elle était à six ans a comme un air de déjà vu - déjà écrit. Ce receuil recèle des pépites, mais pas tout un gisement. Ceci dit, l'auteur est à suivre.
Delphine Coulin, Une seconde de plus, Grasset, 2006.