Confidence

La confiance est un plat qui ne se mange qu'en Gargantua. On la donne entière et on la veut pareillement. La confiance acquise ne se dédie pas. La confiance perdue ne se rend que rarement. J'offre ma confiance comme un suprême cadeau.  La générosité a beaucoup de défauts. La confiance se fait en l'autre comme une blessure qui s'ouvre béatement. La trahison est le sel déposé sur cette blessure. Un vinaigre qui tourne notre vision sociale en cauchemar. Peut-on faire confiance ? Même celle que l'on a en l'ego est vacillante. Ma confiance n'est pas une science exacte. Ma confiance est une libertine ; infidèle, elle se pare et se mire pour se voir brusquement mise à nu. Utilisée pour je ne sais quel usage malheureux, elle se défie de plus en plus : ma déception est plus constante. Le cynisme est un danger dans lequel je plonge trop souvent. Car enfermée dans un système ou je suis l'une des seule à jouer le jeu, je ne puis que constater ma solitude. Ma confiance s'ennuie de n'avoir confiance. Peut-on être frustrée à ce point de ne pouvoir la donner ? Quelques exceptions cependant donnent à penser. Ma confiance garguantuesque ne pérennise qu'avec parcimonie. Ma confiance enfante des liens peu nombreux, mais d'une rare intensité. Ma confiance n'est qu'une adulte en devenir : elle apprend les choix, et ne souffre que de ceux qui n'en valent pas la peine. Confidence pour confidence, ma confiance me dit que j'ai de la chance. Ma confiance est une profession de foi. Allons, croyons-la.