Ecrire ?
"La mode ne supporte que l'écrit, qui reproduit, pas l'écriture, qui produit ce qui perdure, l'écrire-juste est insupportable. On n'aime que la récupération, les bouts de fer, les compressions et les boulons."
Yves Navarre, Ce sont amis que vent emporte, Flammarion, p. 19.
Si l'écrire-juste est l'indicible et l'inexprimable, alors un être ne peut-il pas être lui-même un écrire-juste? Ecrire, c'est peut-être hurler, se révèler, mais c'est aussi bien souvent se mentir. Le mensonge est-il de la récupération ? Faut-il n'écrire qu'avec des morceaux de faux ? Ne faut-il écrire que ce que est juste, ajusté au tempo de sa vie propre, Roch regardant David se mourir, se cachant pour écrire, parce qu'il faut dire pour ne pas oublier ; mais ne pas regarder, distancier, analyser... Celui qui écrit ne peut-il donc vivre à la même mesure que les autres parce qu'il s'arrête pour regarder ?