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Ego mezzo, ego forte : variations sur un même thème
29 juillet 2006

Seuil

fugit_amor
Auguste Rodin, Les Portes de l'Enfer [détail]

Tu es sur un seuil. Le problème, c'est que tu ignores si tu entres ou si tu sors. Le sens de la marche ? Ce que tu aperçois te déplaît. Dedans, des personnages adoptant des positions inconfortables pour paraître à leur avantage. Des talons aiguilles. Des babillages qui ne servent qu'à creuser des fossés, le sillage des mots. Sur le tranchant, des créatures superbes qui n'ont pas la moindre idée de ce qu'elles sont venues faire, parce qu'elles n'ont de cesse de s'oublier - le "mal de vivre" ? [soupir...] Dehors des groupes cosmopolites battent le pavé, bravant la rue d'un bout à l'autre sans jamais se mélanger. Des baskets multicolores. Des oeillades manifestes sans qu'elles ne soient jamais suivies d'aucun autre geste. Des envies dissimulées et des jeux fascinants de désolation, dévoration, se contenir et pour se consoler de s'interdire, se manger le dedans. Les pieds tordus sur le paillasson, tu n'aggrippes ni la poignée lustrée, ni la rambarde blanche de peinture. Tu es peut-être encore à l'intermède, intermédiaire, toujours à l'antre de l'entre-deux, le seuil de Kröger, ni dedans ni dehors, à regarder facilement ; mais tu essaies de ne pas oublier, sinon qui tu es, du moins que tu es, debout sur le paillasson élimé. Toi au moins, tes semelles sont confortables, et tu n'as pas mal aux pieds.

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